Conjoncture : un ralentissement pour la machine économique
La CCI Nantes St-Nazaire a mené son enquête de conjoncture auprès de 600 entreprises représentatives du tissu économique de Loire-Atlantique entre le 9 et le 20 janvier. Si l’activité économique était bien orientée au premier semestre 2018, avec un véritable optimisme affiché en début d’année par les chefs d’entreprises, on observe un réel ralentissement depuis le mois de juin en Loire-Atlantique. A la clé, un bilan 2018 en demi-teinte et en retrait des prévisions.
Une confiance ébranlée et des indicateurs en berne
Après avoir retrouvé des sommets en début d’année 2018, la confiance des chefs d’entreprises semble entamée aujourd’hui. Le solde d’opinion sur le niveau d’activité des entreprises pour le début 2019 est retombé à zéro. Il est même négatif dans le secteur du commerce et des services aux particuliers, le plus impacté par les manifestations et les violences qui peuvent les accompagner.
Cet indice de confiance dans l’avenir des entreprises pâtit non seulement du climat social en France, mais aussi d’un environnement international incertain (Brexit, guerre commerciale USA-Chine, etc.) qui refroidissent les espérances.
L’ensemble des indicateurs traduisent un net ralentissement de l’activité au cours du second semestre et les chefs d’entreprises ne tablent pas sur un redressement rapide, au mieux sur une stabilité. Les prévisions sont en effet moroses comparées à celles de début 2018, mais ces résultats masquent des réalités qui peuvent être très différentes d’une entreprise, voire d’un secteur à l’autre.
Soldes d’opinion
Il s’agit de la différence entre les réponses positives et négatives. Le rouge représente les 6 derniers mois, en hachurée les prévisions et le bleu les éditions précédentes.
A noter dans ce contexte :
11.500 emplois salariés ont été créés entre octobre 2017 et septembre 2018 en Loire-Atlantique, soit un taux de croissance annuel de 2 % contre 0,7 % au niveau national. Et tous les secteurs du secteur marchand sont créateurs nets d’emplois sur la période.
Des difficultés de recrutement qui persistent
53% des entreprises du territoire déclarent avoir des difficultés à recruter, ce taux atteignant 82% dans le BTP et 78% dans l’industrie. Ces difficultés s’expliquent selon les chefs d’entreprises interrogés par un manque de candidats et de compétences techniques.
Cette problématique du recrutement ressurgit à chaque fois que le marché du travail se tend, les Pays de la Loire affichant le plus faible taux de chômage en France à 7,6 %. Face à ce constat, certaines entreprises en viennent d’ailleurs à créer leurs propres écoles internes pour former leurs futurs collaborateurs.
Tensions sur la situation financière des entreprises
Comparée à juin 2018, les entreprises sont nettement plus nombreuses à juger leur situation financière préoccupante (32% contre 25%). Surtout, moins de la moitié d’entre-elles prévoit une amélioration dans les prochains mois.
Cette hausse est essentiellement due aux difficultés qui ont impacté le commerce de détail dans une période où certains professionnels réalisent une grosse partie de leur chiffre d’affaires annuel. 40 % (+10) des entreprises répondantes de ce secteur se disent dans une situation financière préoccupante ou très préoccupante.
Zoom par secteur d’activité
Industrie. L’activité industrielle a marqué une pause au second semestre 2018. Le nombre d’entreprises ayant enregistré un recul de leurs chiffres d’affaires par rapport au semestre précédent a été supérieur au nombre de hausse. Il en été de même pour les investissements mais ces deux indicateurs pourraient se redresser en 2019.
Sur l’année 2018, le secteur a créé des emplois. Le secteur est porté par les grands donneurs d’ordres qui affichent des carnets de commandes bien garnis et des projets d’investissement intégrant de plus en plus les concepts de l’industrie du futur. La situation est plus délicate pour certaines TPE/PME contraintes de s’adapter aux besoins des donneurs d’ordres.
BTP. 2018 se révèle être une bonne année pour le BTP. Au cours du second semestre, 92 % des répondants du secteur ont connu une hausse (34%) ou une stabilité (58%) de leurs chiffres d’affaires, dans la lignée de l’enquête de juin dernier.
Commerce de gros. Le moral est bon pour les entreprises qui travaillent avec l’industrie et le BTP, mais l’inquiétude se ressent chez certains grossistes fournissant le commerce de détail. Ces inquiétudes portent sur les volumes d’affaires et la possible augmentation des défauts de paiements suite aux difficultés de clients affectés par les conflits sociaux.
Commerce de détail/services aux particuliers. Le déclenchement du mouvement des gilets jaunes à partir du mois de novembre a fortement dégradé la situation du commerce de détail et des services aux particuliers, alors que le secteur s’était redressé depuis 2017. Ce sont les commerces des centres-villes de Nantes et de Saint-Nazaire qui sont essentiellement touchés. Les pertes de chiffres d’affaires ont détérioré les situations financières de nombreuses entreprises et elles ne sont que 44% à prévoir une amélioration au cours de premier semestre.
Services aux entreprises. Le secteur reste dynamique, les entreprises ayant connu des hausses de leurs chiffres d’affaires restent plus nombreuses que celles qui ont connu une baisse sur le second semestre. La tendance globale reste haussière pour le début 2019.
Et pour 2019 ?
Facteurs d’optimisme :
- Le dynamisme de l’économie régionale qui ne se dément pas
- Des carnets de commandes bien remplis
- La prise de conscience des enjeux environnementaux
- Les possibilités des nouvelles technologies et le digital
Facteurs de pessimisme :
- Le conflit social des gilets jaunes, dont on ne voit pas l’issue
- La baisse ressentie du pouvoir d’achat
- Les difficultés à recruter
- Les tensions internationales : Brexit, guerre commerciale USA - Chine, …
- La crainte d’une nouvelle crise financière mondiale
- Absence de politique nationale axée vers la transition écologique et durable
- La période électorale qui vient