Union sacrée
« Pour la première fois de son histoire, notre CCI vient de suspendre ses travaux à la demande de ses membres ». C’est par ce geste symbolique que Jean-François Gendron, président de la CCI Nantes St-Nazaire, soutenu par la CGPME44, le Medef44 et l’UPA, a souhaité montrer « le ras le bol » des 60 membres élus de la CCI vis-à-vis de l’attitude de l’Etat.
Une union sacrée au nom de la défense de l’intérêt des entreprises, menacées par le désir gouvernemental de « mettre [les chambres de commerce et d’industrie] en situation de subordination, ce qui aura pour conséquence de tuer la dynamique entrepreneuriale. »
« Les CCI ne sont pas un club d’entrepreneurs, a rappelé Hervé Thibaud au nom de l’UPA, mais un réseau de chefs d’entreprise élus et bénévoles ». « Notre combat n’est pas une défense de je ne sais quel pré carré, a rebondi François-Xavier de Boüard, représentant du Medef44. Ces dernières décennies, presque tous les grands projets de développement en Loire-Atlantique ont d’abord été initiés par les acteurs économiques avant d’être adoptés par les élus politiques. Les CCI doivent garder leur pouvoir d’initiative et leur indépendance, en dehors de toute tutelle de l’Etat ou d’une collectivité », a-t-il martelé.
La révolte gronde dans les CCI
Cette action entre dans le cadre d’une révolte nationale des chambres consulaires, en réaction au projet gouvernemental de réduire drastiquement les ressources affectées aux CCI (- 32 % d’ici 2017 au niveau national), ce qui aurait selon elles une triple conséquence :
- sur l’activité des TPE/PME : si les grands groupes sont les principaux contributeurs à la TFC (taxe pour frais de chambre), ce sont les petites et moyennes entreprises qui sont les grandes bénéficiaires de l’action des CCI.
- sur le dynamisme économique des territoires, les CCI investissant dans la formation, les zones d’activité, les pépinières d’entreprises… Au niveau départemental, la CCI Nantes St-Nazaire a ainsi investi 4 M€ en 2013.
- sur l’emploi : la baisse des ressources conduirait à fermer des classes de CFA, donc à réduire fortement le nombre d’apprentis formés, mais également à pénaliser les actions réalisées en faveur des demandeurs d’emploi. Sans oublier l’impact sur le réseau même des chambres consulaires, évalué à 6000 emplois sur les 26.000 au niveau national.
Le gouvernement fait la sourde oreille
« On n’a pas attendu l’Etat pour faire des économies », a souligné le président de la CCI, rappelant, au passage, que, sur le département, il n’existe déjà plus qu’une seule chambre consulaire. « Nous avons déjà fait un certain nombre d’efforts et nous sommes prêts à en faire encore, mais apparemment, cela ne suffit pas". Selon Jean-François Gendron, les CCI ont en effet proposé au gouvernement de réduire la pression fiscale des entreprises en baissant la TFC de 17,6 % d’ici 2017, une limite qui ne peut être franchie sous peine de « faire des coupes sombres au niveau de l’emploi ».
Malheureusement, les CCI se sont jusqu’ici heurtées au refus de dialogue du ministère de l’Economie. Devant ce silence persistant, les acteurs économiques se disent prêts à aller encore plus loin : « Si nous n’avons pas de signes forts qui montrent la volonté politique d’entrer dans une logique de co-construction, il est clair que l’action entreprise aujourd’hui ne sera qu’un début », promet Christophe Desarthe, président de la CGPME44 et Pays de la Loire.
Nelly Lambert - Plein Ouest